Ma première intention était simplement de m’amuser avec la craie, celle d'école qu'on a tous eu entre les mains. Mais c’est la craie qui s’est amusé avec moi. Après maintes cassures et d'heures de cours qui me ne me paraissaient plus si longues, j’ai appris à m’arrêter au bon moment, l’instant qui marque la fin de la sculpture.

Différentes sortes de craie m’ont alors ouvert à une nouvelle voie de recherche, celle de la couleur. Une même forme n’avait pas le même rendu sur une craie blanche, verte ou rouge. Puis j’ai observé d’autres subtilités par l’application de différentes sortes de vernis. Enfin, la craie naturelle s’est immiscée dans ma vie.

Une formation complémentaire en art était nécessaire pour découvrir le modelage sur argile. Le fait de pouvoir enlever et remettre de la terre sur une œuvre me donnait l’impression d’un potentiel encore plus illimité.

J’avais la terre à ma portée, le monde à remodeler.

Mettre en pratique la cuisson de diverses céramiques que j’avais étudiées en tant qu'ingénieur me replongeait dans un univers studieux à l’échelle subatomique. Puis j’ai renoué avec les notions de sens, d’équilibre et de dynamisme que j’ai projetées sur mes œuvres encore statiques.

 

La craie permet des œuvres aussi bien miniatures que monumentales, la terre se laisse façonner facilement dans des proportions raisonnables. Constatant que les avantages et inconvénients de chaque matériau n’étaient pas les mêmes pour un ingénieur que pour un plasticien, j’ai expérimenté toutes sortes de matériaux, comme la pâte fimo ou l'argent que j’ai intégré dans mes rares peintures pour ouvrir une fenêtre sur la 3D.

Il ne m'a pas fallu longtemps pour réaliser que tous les matériaux étaient utilisables, même ceux abandonnés et glanés ça et là pour leur redonner une seconde vie. La "récup" a été une préoccupation majeure dans mon travail et ses potentiels aussi illimités qu'avec la terre. ce que j'en ai retenu... l'acier permet de réaliser des œuvres plutôt en hauteur, et mon côté pragmatique les rend transportables plus facilement. Mais la facilité n'étant pas mon objectif, c'est la froideur apparente du métal que j’intègre à mon travail.